18 mai 1766
Remontrances au Seigneur de Roquefort
(Jaume Argence est co-signataire)
Afin de conserver son caractère authentique, les fautes d’orthographe et parties soulignées du document original ont été restituées.
Délibération de la Communauté de Roquefort et Buillac qui nomme un député pour faire des remontrances à leur seigneur.
Le 18 mai 1766 dans Roquefort et Buillac
Pierre Alberny premier consul et Joseph Gayou deuxième consul : le dix mai on leur a signifié sur requête du marquis de Roquefort à présenter au maître particulier ou lieutenant de la maitrise des eaux et forêts de Quillan
« Les vassaux de Roquefort et Buillac ne pourront plus couper aucun arbre qu’après légalement constaté par relaction de deux charpentiers demeurant assermentés de la nécessité des réparations qu’ils prétendent faire. Laquelle contiendra quantité et qualité des pièces dont ils ont besoin et des planches à eux nécessaires. »
Sur quoy les consuls ont représenté que les pauvres vassaux, pour mieux dire tous, ne pourront plus faire des réparations s’ils sont obligés de payer les charges. Exprès ils seront exposés à laisser leurs maisons dans le dépérissement et d’y périr eux-mêmes sous les ruines.
50 livres aux contrevenants (les consuls étant personnellement et solidairement responsables)
Les consuls refusent d’être obligés à veiller de l’empêcher, ce n’est pas juste. Ils demandent l’autorisation de mettre de l’ardoise au lieu du bois sur les toits, qu’attendu la faculté qu’ont les habitants de Roquefort et Buillac d’avoir de l’ardoise pour couvrir leurs maisons il leur soit expressément défendu de les couvrir des planches ainsi que des cannes, s’ils ne veulent employer de suite l’ardoise dès qu’ils seront obligés à reposer les couvers de leurs maisons a quoÿ les consuls ont répondu que sans doute sur de faux avis le Marquis de Roquefort reproche à ses vassaux qu’il leur aurait fait arracher l’ardoise dont aucun usager n’aurait pas couvert les maisons que la Vérité dit que le sieur Laurens prit toute celle qui fut levée aux frais du seigneur que certains particuliers de Buillac, notamment Joseph Uteza, surtout Papete, pour avoir de l’ardoise à Estiene Verdie, garde du seigneur. Il lui aurait été répondu que le Marquis qui levait l’ardoise voulait par la Baillé mais allait la vendre pour la forge de monsieur Dauriac parce que personne ne voulait lui payer son travail ; que c’est également sur des faux rapports que ledit seigneur reproche à ses vassaux qu’ils n’ont pas voulu couvrir de tuiles, la vérité est que ledit seigneur vu ses agens firent construire une tuilerie qui réussit si mal qu’on ne sait comment la tuile qu’on y fait ne peut pas suffire pour couvrir la grange dudit seigneur. Depuis, pas question de tuile, il convient que la comté fasse part à monsieur le marquis de Roquefort des représentations ci-dessus, lui représenter très humblement et respectueusement que tous ces illustres aÿeuls prédécesseurs et seigneurs de Roquefort et Buillac ont toujours été les protecteurs et véritables pères de leurs vassaux, de mémoire d’homme cette Comté n’a jamais été au procès avec aucun des prédécesseurs du marquis de Roquefort actuel heureusement vivant auprès duquel ils espèrent que la Comté de Roquefort et Buillac trouvera les mêmes sentiments de clémence lui protestant qu’elle aimerait mieux tout sacrifier plutôt que d’être dans la malheureuse nécessité de plaÿder contre son seigneur – qu’elle laisse à sa compassion et justice à juger s’il est possible que des pauvres habitants qui ont peine à se construire une vile maison qu’ils ne couvrent plus … mais salement des planchers pour se mettre à l’abri du mauvais temps puissent couvrir à leurs frais et dépens leurs maisons d’ardoise.
Sur quoÿ l’assemblée ayant égard aux représentations de … les consuls, a député le sieur Joseph Uteza vu des principaux habitants de la Comté pour se transporter dans la ville de Limoux et remettre les représentations ci-dessus à monsieur le marquis de Roquefort et Buillac, et le supplier d’y avoir tel égard que de raison et vouloir bien retirer du greffe de la maîtrise de Quillan la copie de la requête qui nous fut signifiée. Les délibérans se sont signés ou marqués de leur marque ordinaire
Pierre Alberny | consul | marque* |
Joseph Gayou | consul | signature |
Assens | jurat | signature |
Verdie | jurat | signature |
Jean Bromet | IB | marque |
François Assens | jurat | marque |
Henri Marty | martÿ | signature |
Jaume g Argence | jurat | marque |
Jaques Bes | marque | |
Manuel Besse | marque | |
Gabriel Mandrat | marque | |
Fils Marty | marque |
Pour nous les consuls Jean Marty greffier consulaire
(marque = dessin pour personnaliser chaque individu, dans la mesure où ils ne savent pas écrire. Peut-être le même dessin servait-il à marquer leurs animaux.)
Catherine Argence